Damien et Jackie Frost

Qui es-tu ? Quelle est ta pratique, ton terrain de jeu ?

Mon nom est Damien. Je fais du vtt depuis la petite enfance. Le vélo a toujours été un compagnon de route, au quotidien (tous les trajets de la vie domestique se font à vélo), dans le sport (j’ai pratiqué le vtt, un peu en compétition, beaucoup pour le plaisir/loisir, toute ma vie) et pour l’exploration (j’ai fait le tour du monde à vélo ainsi qu’une petite ribambelle de périples à droite à gauche, du Vercors au Nicaragua, de l’Islande à la Chartreuse, en passant par la Laponie). Rouler m’est naturel, comme respirer. Le vélo est une extension de moi. Je ne suis pas un grand champion, ni un pilote d’exception, mais j’ai toujours senti que sur un (bon) vélo je suis chez moi, je suis à ma place. Je vis dans les Alpes, au carrefour des massifs des Bauges, de Chartreuse et de Belledonne. Un terrain de jeu exigeant, vertical, multiple – rocheux, boueux, d’altitude. Le fatbike s’y exprime dans toute sa polyvalence et sa splendeur.

Parle-nous un peu de ton vélo.

Je vis avec deux Salamandre ! Jackie Frost est mon vélo personnel, une Salamandre fat (4″, jante de 50mm) avec boîte Pinion et freins disques mécaniques. Orange et bleu, mes couleurs. Et je lui ai fait avec la complicité de Yann (mais rien que de très amical entre nous, hein ?) une petite soeur en version Rohloff.

Pourquoi as-tu choisi ce type de vélo ?

J’ai découvert les fatbikes Salamandre lors d’un tournage de film en Laponie. Je suis auteur-réalisateur de films d’aventure sportive, sous le label Planète.D, et en 2014 j’ai suivi pendant 5 semaines une jurassienne qui traversait la Laponie à ski. Dans le but de progresser sur la neige et la glace plus rapidement qu’elle pour la filmer comme il se doit, j’ai contacté Yann. Le bougre a trouvé tout naturel, semble-t-il, de prêter un de ses vélos à un inconnu avec des projets bizarres. Et mine de rien, cet acte a changé ma vie !
Yann m’a prêté son fatbike au cadre rallongé orange, que j’ai rebaptisé, contexte arctique oblige, Jack Frost (d’où le nom de mon vélo personnel, qui est sa petite soeur – il faut suivre). Il ne vous aura pas échappé que c’est lui qui figure sur la dernière image. J’ai découvert, sous des allures de gros balourd, un engin étonnamment maniable, ludique, joueur, avec une capacité de traction/adhérence tout bonnement éblouissante. Love at first night (eh oui car au début du tournage, il faisait nuit tout le temps dans l’arctique…)

Pourquoi as-tu choisi ce format de roues ?

Je suis sans doute ce qu’on pourrait appeler un « homme de terrain ». J’adore évoluer dehors, progresser en milieu naturel, trouver des passages dans la végétation, crapahuter… Pour situer l’esprit, en 2012 j’ai consacré un petit projet et un film à une traversée de la Chartreuse en courant hors balisage, dans la végétation.
J’ai découvert dans le fatbike un outil de franchissement formidable, un vélo qui passe « encore plus » partout qu’un vtt. Mais comme j’en fais un usage quotidien et de toutes circonstances, je voulais rester dans une configuration polyvalente. Des jantes de 50mm et des pneus de 4 pouces me permettent de garder un ballon compatible avec toutes les surfaces, en changeant ponctuellement les roues (j’en ai trois paires…).
Et accessoirement… un fatbike, ça a de la gueule. Je suis aussi devenu fan de l’allure de ces vélos. A la fois agressive et tout en rondeurs.

Pourquoi as-tu choisi ce type de transmission ?

La boîte Pinion est un pari fondé sur l’idée de changer de roues régulièrement en fonction des terrains. Et ce, sans se ruiner en achetant autant de moyeux Rohloff que de paires… En outre, c’est une transmission précise et fluide, très rapide, et qui ramène le centre de gravité au milieu de vélo.
Le principe « boîte noire » , ne pas avoir le contrôle sur la mécanique, m’angoissait un petit peu, moi qui ai réparé des transmissions conventionnelles au fin fond du Tibet ou en Bolivie, mais quel confort ! Rien à faire et la capacité d’aborder tous les terrains/temps sans se poser de questions.
Récemment, j’ai réalisé une petite expédition à fatbike sur les volcans du Nicaragua. Des jours passés à rouler sur la cendre et la lave pulvérisée… autant dire que je n’aurais pas donné cher d’un dérailleur et d’une cassette de pignons ! En définitive, je suis ravi d’avoir opté pour cette transmission intégrée.

Le commentaire de Yann :

Pinion offre des boîtes de vitesses intégrées au pédalier à 9, 12 ou 18 rapports. Comme l’a souligné Damien, cette solution permet d’avoir plusieurs roues et de transformer le vélo en quelques minutes et à moindre frais, d’autant plus qu’aucun élément de transmission n’est à démonter lors du changement de roue. Le changement de vitesse est instantané, même à l’arrêt, la transmission est protégée. La version standard (celle qu’utilise Damien) permet déjà la monte de pneus jusqu’à 4 pouces en conservant un Q factor raisonnable. Mais il existe un modèle de manivelles et couronne spéciaux pour fat qui permettent la monte des pneus les plus gros existants.

Au chapitre des inconvénients, la boîte Pinion est plus lourde que d’autres types de transmission. Une fois choisie cette solution, elle est définitive car le cadre est conçu autour de la boîte. L’encombrement de la boîte ne me permet pas de proposer des bases aussi courtes qu’avec d’autres types de transmission. Enfin la double roue-libre dans le système peut être gênante pour les trialistes dans l’âme qui déploreront son angle mort de reprise au pédalage. Bref la boîte Pinion s’adresse a priori plus au baroudeur comme Damien qu’à l’enrouleur de zones.