Aristide et Triton

Raphaël, peux-tu nous parler un peu d’Aristide ?

Aristide est un garçon autiste plein d’énergie mais son handicap ne lui permet pas de conserver l’équilibre à deux roues. Pour pouvoir rouler en famille sur les chemins caillouteux dans le vignoble, il lui fallait un coup de pouce.

Comment s’appelle ce beau vélo ?

Nous avons choisi, ou plutôt j’ai décidé non démocratiquement d’appeler le vélo ‘Triton’ en référence à sa configuration originale. Et accessoirement parce qu’un triton ressemble de loin à une salamandre ! Petit clin d’oeil

Pourquoi as-tu choisi ce type de vélo ? De géométrie ?

Il fallait donc un tricycle pour Aristide… Mais les tricycles du commerce ne donnaient pas forcément envie. Pas du tout même. Pour un enfant spécial il fallait un tricycle spécial. Et avec de la gueule ! La partie arrière provient d’un VTT 24 pouces. Yann a conçu et réalisé tout l’avant. Une poignée de frein de vélo-polo à palonnier intégré permet d’actionner les deux freins à disque avant.

Pourquoi as-tu choisi ce format de roues ?

Je voulais un vélo qui sorte de l’ordinaire, qui puisse rouler dans les chemins et avec une sacré gueule. Yann a eu la bonne idée de mettre des jantes de trial de 19″ et des pneus monstrueux… Et le résultat est à la hauteur de mes attentes : ce vélo donne envie ! Pour un peu, je le piquerais à Aristide…
Pourquoi as-tu choisi ce type de transmission ?
Bien dans l’esprit Recyclette, le dérailleur arrière provient du donneur du vélo, l’unique plateau a été choisi très petit pour limiter la vitesse maximale. Les manivelles sont des manivelles de BMX courtes (150mm) pour améliorer la garde au sol diminuée par la configuration roues de 20″ sur cadre de 24″
Au final, Triton est une machine étonnante, qui roule aussi bien sur deux roues que sur trois ! Aristide en est très fier, mais c’est surtout toi Yann qui peut être fier de faire rêver ce p’tit gars qui a la banane quand il roule seul comme un grand. Triton donne envie aux autres enfants : le but est atteint, dépassé même !

Le commentaire de Yann :

Eh oui, je ne suis pas peu fier de Triton !

Quand Raphaël (un copain d’école d’ingénieur particulièrement inventif et astucieux) m’a contacté à ce sujet, j’ai tout de suite vu quelle direction prendre et eu envie de concrétiser ce projet. Pendant les mois écoulés entre ce contact et la réalisation, Raphaël a cherché un cadre, des pièces, fait tourner les fusées de roue avant, si bien que tout était prêt lorsqu’il est descendu le réaliser avec moi. Nul doute que Raphaël aurait pu réaliser Triton seul, peut-être dans une autre configuration. Mais c’était quand même plus simple d’utiliser l’infrastructure de l’atelier et ses outillages adaptés.

Réutiliser une partie arrière de cadre existant est une solution très intéressante (que j’utilise également pour les tandems). La partie avant d’un vélo est plus simple à réaliser et en récupérer une est une opération rarement rentable, du moins avec les méthodes que j’emploie. Dans le cas de Triton, c’est tout le cadre que nous avons conservé, lui greffant simplement une partie avant dont j’avais déjà l’expérience suite à la réalisation d’un fauteuil tout terrain. La partie avant est également réalisée avec des tubes de récupération ou des chutes de tubes neufs.

Finalement, grâce aux fonctionnalités de mon gabarit et à un peu d’astuce, le cadre fut la partie la plus rapide à réaliser. Nous avons travaillé au feeling, quasiment sans plans. Le plus long fut de fabriquer tous les petits éléments annexes : bras de direction, biellettes de commande…

Mais oui, surtout, Aristide, quel bonheur de te voir rouler sur ce beau vélo qui nous a fait un bon prétexte pour nous retrouver et œuvrer ensemble, ton papa et moi !